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Rameau musique ou l’histoire d’une réconciliation

mardi 29 avril 2003, par Paul Heems

En marge des rencontres de Strasbourg, nous (Paul Heems et Pascal Wagner) avons parlé du problème plusieurs fois évoqué sur la liste : l’indexation matière des documents sonores.

Nous avons commencé par établir le fait que nous ne nous étions pas compris lors des échanges courriel.
Il semble que nous n’ayons pas été suffisamment clairs dans nos argumentations, et qu’au fur et à mesure des échanges nous nous soyons chacun de notre coté radicalisés au lieu de chercher, comme nous l’avons fait désormais, un terrain d’entente.

Ainsi entre le refus systématique de toute indexation matière (que l’on a cru déceler chez Paul) et l’indexation de tous les documents (que Paul a cru lire chez d’autres) nous avons retrouvé le vrai sens de nos discours : l’indexation des phonogrammes présentant un caractère documentaire.
Il nous fallait donc définir ce caractère documentaire et l’étendue de l’indexation matière.

Bien entendu, les réflexions qui suivent concernent le cadre spécifique des médiathèques publiques, et non celui des médiathèques spécialisés ni celui des médiathèques d’établissements d’enseignement, et encore moins celui de la BNF.

En quoi un phonogramme a-t-il un caractère documentaire ?

Il y a d’abord les « évidents » : les enregistrements « musicologique » (la présentation des instruments de l’orchestre, « Mozart sa vie son œuvre » etc.) il y a aussi les documentaires sonores (témoignage, radioscopie, extraits radiophoniques etc.)

Il y a aussi les documents ethno-musicologique, à savoir les enregistrements du CNRS ou de l’Unesco qui ont comme visée documentaire de nous faire découvrir la tradition orale des divers peuples du monde entier.

Mais en plus de ces documents au caractère documentaire à proprement parler, nous pouvons considérer que certaines compilations thématiques possèdent une vertu documentaire de part leur valeur illustratrice d’un courant musical. Ainsi un phonogramme du type « Splendeur du baroque » peut tout à fait éclairer, illustrer une thématique autour de l’art baroque.
Jusqu’ici nous avons traité du son mais un disque est aussi un « packaging » ; autrement dit ne pouvons nous pas prendre en considération le livret lié à ce disque ?

Il semble évident que les disques de la collection Passerelle (Harmonia Mundi) ainsi que ceux coédités par Actes sud et la cité de la musique acquièrent, de par leur livret, un caractère documentaire indéniable. Peut-on élargir cette application ? Il faut pouvoir juger de l’importance des informations contenues dans le livret. S’il s’agit d’un texte de 5 lignes présentant l’artiste, il faudra considérer que c’est un peu court pour que l’on y apprenne quelque chose.

Nous avons exclu des phonogrammes documentaires les « œuvres emblématiques » car on peut difficilement définir ces œuvres de manière objective, et par conséquent, en limiter le nombre.
Il s’agit donc déjà de juger de la pertinence de créer un accès matière à un document. Pertinence par rapport au contenu, nous l’avons vu mais aussi par rapport aux autres sources d’information.

D’une certaine manière, la question "faut-il indexer la chose et l’étude de la chose ?" se relativise quelque peu. La question cruciale devient alors : "Faut-il indexer en alphabétique matière tous les documents ?"

Du bon usage de l’indexation matière

Il faut cesser de voir notre thésaurus matière comme isolé d’abord du catalogue puis du reste de la médiathèque, enfin du monde. L’information que l’on entre par les accès matières n’est-elle pas déjà présente dans les autres accès à la notice : indice, titres, auteur ?

A quoi servira une vedette matière « Opéra » quand cette information est déjà dans l’indice ? Une recherche sur le champ 686 donnera la même réponse. A quoi servira un accès matière « sonate pour violon » ? Le titre uniforme répond à cette interrogation.

Pour des interrogations plus pointues du type « établir une discographie du rock des années 70 » est-il vraiment nécessaire d’encombrer le catalogue en y indexant tous les disques du fonds ? D’abord cela crée du bruit lors des recherches, donc perd de sa pertinence, ensuite cela constitue à notre avis un travail à la fois redondant et inutile.

Inutile car il y bien d’autre moyen de collecter des « choix de disques » : Nos connaissances d’abord, ne sommes nous pas des professionnels ? Ensuite, on peut utiliser les documents de la médiathèque : compilations thématiques, livres, revues, cédérom.... Enfin Internet, où l’on trouve de nombreux sites consacrés qui aux artistes, qui à tel ou tel musiques ou pays.
Vous objecterez que ce que vous voulez présenter, ce sont les disques de votre fonds, pensez-vous être si éloigné des réponses obtenues par les biais ci dessus et pensez-vous que la distorsion éventuelle vaille le temps passé à établir une vedette matière ? De plus un travail avec un traitement de texte vous permettra aisément de marquer, d’ajouter les disques faisant partie de votre fonds.

Enfin, sérieusement qui utilise le plus ce genre de recherche ? Le public ou vous ? Et le public ne serait-il pas aussi satisfait avec une liste papier ou html qu’il pourrait conserver, annoter, enrichir ?

Conclusion : réconcilions-nous et marchons de l’avant !

Voici donc établi que l’indexation alphabétique matière des phonogrammes s’avère non seulement possible mais recommandée ! Pourquoi un disque n’aurait-il pas sa place dans une documentation ? Mais cette indexation se doit d’être limitée afin de rester pertinente.

Une fois ce constat établi nous pouvons passer à l’étape suivante : la constitution d’un thésaurus.
Le courant majoritaire dans les bibliothèques publiques est l’utilisation de RAMEAU, alors nous n’allons pas jouer la fine bouche et, à l’heure où nous rapprochons notre indexation systématique de Dewey, créer un système idiomatique qui ne permettrait pas de réunir tous les supports en une seule requête.

Donc, travaillons sur RAMEAU, d’autant plus que les autorités qui assurent la maintenance et le contrôle de RAMEAU à la BNF réaffirment leur ouverture à toute proposition, alors ne nous privons pas !

Sans pour autant y entrer tout et n’importe quoi, on peut imaginer d’enrichir la liste RAMEAU des noms des nouveaux courants forts de la musique, et du vocabulaire spécifique aux bibliothèques musicales. Il n’y a d’ailleurs pas beaucoup de chemin à parcourir tant les efforts menés ces dernières années furent significatifs.


A voir aussi sur ce site l’article L’indexation analytique des documents musicaux