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« La bibliothèque dématérialisée. 1, La musique ». Retour sur la journée du 31 mai à Taverny.

jeudi 14 juin 2007, par Bruno David

Le 31 mai 2007 a eu lieu à Taverny (Val-d’Oise) la première d’une série de conférences consacrées à la "bibliothèque dématérialisée". Co-organisée par La Bibliothèque départementale du Val-d’Oise, l’ADIAM Val d’Oise et Cible 95, la rencontre professionnelle abordait la question de la "dématérialisation" par la musique [1].

Point de vue de Bruno David (Bibliothèque Municipale d’Eaubonne) sur cette journée.

Il y avait comme une atmosphère de fin du monde au terme de la journée consacrée à la « bibliothèque dématérialisée ». Les changements en cours, dont les intervenants entendaient montrer l’ampleur et l’inéluctabilité (évolution rapide des pratiques culturelles, concomitante aux ou conditionnée par des techniques en révolution permanente), bouleversent à ce point les savoirs, les savoir-faire, les valeurs et les croyances de la profession que la prise de conscience de la situation a laissé les collègues présents sans voix.

Tout à coup, devant l’évidence et l’objectivité apparentes du constat, on s’est trouvé jurassiques, dépassés par le mouvement du monde, relégués sans façon, inutiles et peut-être même secrètement honteux de la déconvenue, nous qui nous croyions en phase avec la modernité.

Après un échange avec quelques collègues, il m’a pourtant semblé que ce qui dominait les esprits n’était pas tant l’abattement que le sentiment que quelque chose clochait dans le tableau monochrome du présent et de son cours probable qu’on nous avait servi ; que celui-ci de décrivait pas la réalité mais en donnait une lecture biaisée par un parti-pris qui, sans jamais être clairement énoncé, a sous-tendu toutes les interventions, à l’exception notable du remarquable exposé de Gilles Rettel (sur lequel je vais revenir). (Je mets à part celui de Yves Alix qui, sur un sujet périphérique par rapport au cœur du problème, prolongeait d’un certain point de vue Rettel.)

1. Das Technik über alles

Une chose m’a frappé au cours de cette journée : la place centrale, voire exclusive, de la technique dans la réflexion des intervenants. On dira que le sujet s’y prêtait – mais justement : on aurait pu s’attendre à ce que le discours technophile à l’honneur dans l’opinion suscite la réserve ; voire à une critique des illusions du progrès ; tout au moins à une mise à distance qui remette la technique à sa place, au rang des questions d’intendance.

Le problème n’est pas qu’on ait abordé en long et en large les modalités techniques de la « dématérialisation » mais que la réflexion sur l’identité et la raison d’être des bibliothèques ait été conduite sous l’angle étroit de la « dématérialisation », c’est-à-dire ramenée à une question d’ordre essentiellement technique. Comme si la technique constituait l’ultima ratio de l’existence des bibliothèques ; comme si elle était la « dernière instance » qui surdéterminait tout, son présent et son proche avenir, mais aussi son histoire – si l’on en croit Dominique Lahary.

Dans une grandiose mise en perspective du passé, il a formulé le problème en ces termes : selon lui, l’obsolescence du « modèle » de la médiathèque est dû au fait qu’on est passé de l’ère de la « rareté », dans laquelle la médiathèque jouait pleinement son rôle de pourvoyeur, presque sans concurrent, de biens culturels, à l’ère de l’ « abondance », caractérisée par l’apparition de nouveaux circuits de diffusion et de nouveaux modes d’accès à la musique (et plus largement aux contenus documentaires), qui la rendent de fait inutile, ou du moins la marginalisent. Dans cette présentation, il y a deux points aveugles :

-  l’emploi de deux catégories (« rareté » et « abondance ») tirées de l’économie politique et de l’imaginaire marchand n’est pas anodin. Il permet d’évacuer la question du contenu de ce qui est diffusé au profit d’une attention exclusive portée au « flux », et par conséquent aux réseaux et aux outils qui l’organisent ;

-  l’ « abondance » n’est pas seulement la conséquence du progrès technique ; elle alimente aussi l’exigence impérieuse d’obtenir « tout et tout de suite ». Cette « réalité », Lahary en prend acte sans s’y arrêter, donnant ainsi l’impression qu’il la cautionne. On passe ainsi insensiblement du fait (on constate cette tendance) au droit (elle est légitime).

Conclusion : il n’y a pas d’autre alternative pour les bibliothèques que de s’adapter au défi technique de l’ère de l’ « abondance » ou de périr. C’est même en termes d’ « impératif catégorique » qu’il a formulé la nécessité du changement.

Une intervenante avait anticipé l’injonction en soutenant que les bibliothèques devaient être le « reflet de la société » - un mot malheureux mais révélateur de la manière dont une partie de la profession se représente aujourd’hui les missions des bibliothèques : s’adapter au mouvement perpétuel de l’innovation, sans s’interroger plus avant sur le sens de cette course effrénée et dans l’angoisse d’être larguée, de ne plus être au diapason.

Il est permis de contester la pertinence de cette vision des choses. C’est précisément ce retour critique qu’a engagé l’intervention de Gilles Rettel, qui a battu en brèche le fétichisme de la technique.

2. Les désirs ne sont pas les besoins

Le moment était cocasse : la seule intervention qui aurait pu nous envoûter, nous faire croire pour de bon aux mirages de la technique ou nous démoraliser (Rettel a montré qu’avec les outils disponibles sur Internet, l’accès à la musique était non plus potentiellement mais effectivement illimité) s’est achevée sur une question salutaire que les autres intervenants n’ont pas cru devoir aborder, sans doute parce que la réponse l’avait précédée : quelle peut être désormais la place de la bibliothèque dans un univers « dématérialisé » où l’on peut obtenir tout, sans délai et par soi-même ? La réponse suggérée par Rettel est un rappel à l’ordre des priorités : certainement pas là où certains la pensent et la veulent, en concurrence, dans une course de vitesse perdue d’avance avec les techniques actuelles et à venir de la diffusion documentaire de masse ; elle devrait plutôt résulter d’un démarquage conscient et revendiqué.

Bien que Rettel n’en ait pas parlé en ces termes, il découlait de son propos que ce démarquage supposait une clarification de ce qu’est un besoin, notion qui a baigné, tout au long de la journée, dans la plus grande confusion - peut-être parce que la profession a depuis longtemps pris les désirs des usagers pour la réalité de leurs besoins.

Lorsqu’une bibliothécaire (il s’agit souvent d’une femme) sélectionne un album pour le lire à des enfants, en fonction de ses qualités graphiques, de son approche originale, sensible ou intelligente d’une question que peuvent se poser les enfants, elle répond de la manière la plus juste qui soit à ce qu’est un besoin, pris dans sa signification anthropologique, à savoir la nécessité pour tout un chacun, et avant tout les enfants, de comprendre le monde, parce qu’on ne peut l’habiter et vivre dignement que s’il est compréhensible.

Un monde qui croule sous la masse exponentielle d’informations et de « produits » culturels de toutes sortes, n’est plus intelligible. Il a besoin d’être mis en forme, ordonné. Le défi que doivent relever les bibliothèques n’est donc pas d’ordre technique mais politique : devenir l’un des lieux privilégiés d’intelligibilité du monde, à travers des collections (quels que soient les supports) qui le mettent en questions du point de vue des savoirs et offrent ainsi les conditions d’une participation effective, éclairée, aux questions que pose son devenir.

On n’est pas là en terre inconnue : il s’agit pour le bibliothécaire non pas de gaver les publics à la corne d’abondance des biens culturels « dématérialisés » mais, comme toujours, de trier et de hiérarchiser des contenus, de séparer, au sein d’une masse documentaire pléthorique, l’essentiel de l’accessoire, l’utile du nuisible ou de l’inepte, pour ne retenir, par principe (i.e. compte tenu de l’état des savoirs et de la part de subjectivité inhérente au choix), que le meilleur ou le plus adapté, en tout cas le plus digne d’être transmis – et ainsi de faire en sorte que ce monde de l’immédiateté et de la profusion ait un sens pour les gens.

A vouloir à tout prix se plier aux désirs - par nature insatiables - de sa « clientèle », de peur que celle-ci, frustrée, ne la délaisse, la bibliothèque ne ferait qu’encourager la tendance régressive qui commande d’obtenir « tout, tout de suite » - ce qui reviendrait à renoncer à sa seule justification : définir et satisfaire les vrais besoins. (Bonus : a-t-on réfléchi à l’image qu’on donne des publics lorsqu’on les pense comme des êtres mus par leurs pulsions et incapables de s’autolimiter ?)

On dira qu’on n’en est pas là. Pourtant, le simple fait qu’une journée professionnelle ait pu se construire sur une représentation mutilée de l’identité et des missions des bibliothèques montre un changement d’état d’esprit dans la profession. Comme il n’y a pas de génération spontanée, peut-être faut-il faire remonter cette involution à l’invention du « modèle » de la médiathèque, moment où la dimension éducative du métier tend à s’effacer au bénéfice de la fonction distributive.

Que penser par conséquent des « expériences » en cours de mise à disposition du public de contenus « dématérialisés » ? Si l’effort de réflexion qui a présidé à leur lancement est indéniable, quels sont leur intérêt et leur portée ?

3. Bon sens et cruauté

Je précise d’emblée que ce qui suit ne vise pas à dénigrer le travail des collègues concernés. Non seulement parce qu’il faut un certain courage pour se lancer dans l’aventure (personnellement, je ne m’y risquerai pas), qu’il est trop tôt pour dresser un bilan, mais aussi parce qu’ils ont fourni, avec Rettel, les contributions les plus intéressantes de la journée. Cela dit, il est difficile de taire le constat suivant : ces initiatives « novatrices » ont déjà une odeur de vieux livre.

C’est ce qu’ont mis en lumière deux remarques de la salle, l’une de bon sens, l’autre cruelle :

-  la première a pris la forme d’une fausse question (rappelée plus haut) : pourquoi recourir à la bibliothèque dès lors qu’on peut obtenir ce qu’on veut par ses propres moyens ? La réponse était difficile ; et de fait, il n’y eut pas de réponse. L’argument « social » avancé par l’un des intervenants (mettre à la disposition des « plus démunis » les outils et les ressources en ligne) frisait le sophisme : c’est précisément chez les pauvres qu’on télécharge le plus, pour des raisons évidentes ; on n’a pas besoin de conseil pour accéder aux sources et on dispose d’un matériel performant et peu onéreux (quand il est acquis par des voies légales) ;

-  la seconde soulignait cruellement que les solutions techniques avancées par les professionnels de la musique en ligne rendaient obsolètes les options retenues par les équipements à la pointe de l’offre « dématérialisée ».

En somme, sur le terrain de la technique les bibliothèques sont et resteront à la traîne – et c’est tant mieux, car là ne sont pas les enjeux. C’est l’occasion d’aborder, pour terminer, la question du contenu proposé par ces nouveaux services.

Si certains équipements n’innovent pas par rapport aux missions « traditionnelles » d’une discothèque en dur – leur offre ne faisant que mettre à la disposition du public, sous une forme « dématérialisée », un fonds d’œuvres musicales de référence (c’est d’ailleurs très bien) -, d’autres ont adopté une formule originale qui me semble problématique.

En gros, il s’agit pour les bibliothèques concernées de constituer un fonds de musiques locales (une « démothèque » en ligne) aussi complet que possible. Si le souci de valoriser les créations « bien de chez nous » et de faire de la bibliothèque la « caisse de résonnance » de la vie culturelle locale ne me paraît pas indigne, cette « mission » doit rester secondaire dans le cadre d’une bibliothèque publique.

D’abord parce que tendre à l’exhaustivité sans se soucier de la qualité, comme cela a été défendu, comme si l’œuvre valait pour son origine et non pour ses qualités intrinsèques, ne me paraît pas tenable, pour les raisons exposées plus haut. Cela revient en outre à rejeter l’idée même de politique documentaire, qui est choix raisonné et non simple accumulation.

L’autre risque me paraît à la fois plus grave et plus lointain, voire délirant – mais allons voir quand même. Une œuvre est toujours singulière. Mais ce qui fait sa valeur tient au fait que, lors même qu’elle part d’un point de vue singulier, elle est porteuse d’un au-delà d’elle-même qui entraîne le lecteur (de livres, d’images, de musique) à une compréhension plus large du monde, à le percevoir avec plus d’acuité – non pas au repli communautaire ou à la célébration de l’entre-soi.

Si les bibliothèques ne parvenaient pas à trouver leur place dans l’univers culturel « dématérialisé », si elles croyaient assurer leur salut en se polarisant sur les créations locales, en bornant leur mission à la constitution et à la gestion d’un patrimoine culturel « communautaire », comme certaines déclarations le laissent entendre, on assisterait à une féodalisation de la lecture publique. Evolution synonyme de régression : chaque fief, autrement dit chaque bibliothèque, devenant le porte-étendard d’un microcosme culturel autosuffisant et renonçant à proposer les moyens d’une intelligence globale du monde – perte de sens propice à conforter la mainmise des pouvoirs qui se nourrissent de la multiplication des particularismes et des communautés narcissiques.

« On n’est pas bien avancé », diront certains de tout de ce qui précède. Certes.

12 juin 2007

Note de l’équipe de l’ACIM :
On peut retrouver en ligne les présentations des intervenants de cette rencontre professionnelle :

- Sur le site de Cible 95
http://cible95.net/journee.htm#dematerialise

- Gilles Rettel
La musique a-t-elle encore sa place dans les médiathèques ?
http://blog.formations-musique.com/interventions/taverny-ecrans/taverny-mai-2007.html

- Xavier Galaup
Les voies diverses de la musique numérique
http://www.xaviergalaup.fr/blog/2007/06/04/presentation-les-voies-diverses-de-la-musique-numerique/

- Nicolas Blondeau
Musiques numériques en bibliothèque : accès, services et médiation
http://mediamus.blogspot.com/2007/06/la-mdiathque-dmatrialise-1-la-musique_04.html


[1Le programme de la journée du 31 mai à Taverny :
http://www.cible95.net/journeeConservation7juin2007.doc

Messages

  • Bruno David et cher collègue, un grand merci pour votre article qui renforce mes propres opinions sur les débats et réflexions actuels.
    La technique fait encore peur... alors que l’évolution que nous vivons dans nos établissements est plutôt ...stimulante.
    Ce que nous vivons actuellement doit au contraire aiguiser et renforcer notre savoir faire (culture, expertise, choix "raisonné", constitution de collections, ...).

    Il nous faut trouver de multiples moyens, ou renforcer ceux existants, pour offir aux publics une accessibilité aux oeuvres. Et mettre la musique au coeur de nos projets : rééduquer l’oreille, proposer davantage de musique "vivante" dans nos établissements,...

    Et je reprends totalement à mon compte, votre phrase qui pour moi, est l’essence même de notre profession : "la bibliothèque doit devenir le lieu privilégié d’intelligibilité du Monde".

    .....Et devant l’abondance, qui peut mieux faire la différence, conseiller, faire découvrir, donner l’envie, éduquer, émerveiller que le bibliothécaire

    • J’ai réalisé une petite sytnhèse de la journée, publiée sur mon blog aujourd’hui.

      Je suis l’auteur de la dite "cruelle remarque", et je crois que vous avez bien situé vos réactions sur la nécessaire mise en valeur des contenus, la sélection et le développement de pratiques de médiations. (nous subissons l’abondance depuis toujours, et notre valeur ajoutée c’est la sélection et la médiation...à nous de les rendre lisible et visibles !)
      comme l’a dit très justement Xavier Galaup : "il n’y a pas assez de musique dans les bibliothèques"
      Car nous gagnerons pas la course technique, c’est évident.
      Effectivement, merci à Gilles Rettel d’avoir bien montré que la course à l’abondance et à la facilité de l’accès est déjà perdue. (pratiques massives de téléchargement des usagers, facilités de stockage et offres légales et illégales, notamment le p2p)
      Nous ne pourrons à mon avis ne jouer qu’un petit rôle (mais en a-t-il été un jour autrement ?) auprès de certains publics et continuer à mener par des voies renouvelées (et c’est là le terrain d’innovations que nous devons investir) le rôle de fourmi dans un univers où nous partons en retard, peu formés, tributaires des pesanteurs de nos institutions et désorganisés...
      Autrement dit, nous ferons en retard ce que le marché fait déjà très bien, ce qui rend très problématique et fragile notre situation. Sans une efficacité locale et ou thématiques donc liée au contenu (des communautés locales, des communautés d’amateurs, la bibliothèque y a sa place) nous aurons du mal à justifier notre survie.
      Pas de catastrophisme en ce qui me concerne, mais une urgence à innover à nos échelles et à nous mettre, nous-mêmes en valeur...!

      Voir en ligne : http://bibliobsession.free.fr/dotcl...

    • Un rôle modeste et une vraie ambition intellectuelle : je suis plutôt d’accord avec votre idée de la bibliothèque (si je vous ai bien lu).
      Il faut quand même préciser que cette prise de position est à contre-courant de ce qui se prêche dans les articles de propagande des graphomanes de la profession. A titre d’illustration, je conseille vivement la lecture de deux interventions consternantes où l’invective et le poncif tiennent lieu de pensée : celle de Claude Poissenot dans le n°692 de "Livres Hebdo" ("L’épuisement du modèle") et celle de Patrick Bazin dans le blog de la revue ("Trois hypothèses sur les bibliothèques"). B. David.

  • Bonjour Bruno,

    Merci pour ce regard critique qui cherche et réussit avec beaucoup de verve à pointer les limites de nos discours et parfois de nos démarches.

    Pensée peut-être un peu radicale, mais cela fait partie du jeu.

    Par contre attention aux fausses évidences du type (d’ailleurs n’est pas le propre d’une évidence d’être trompeuse ?) : "c’est précisément chez les pauvres qu’on télécharge le plus, pour des raisons évidentes ; on n’a pas besoin de conseil pour accéder aux sources et on dispose d’un matériel performant et peu onéreux (quand il est acquis par des voies légales)".
    Cette affirmation devrait être documentée. Il me semble que même chez les "pauvres" il y a des minorités visibles qui faussent la perspective que l’on peut avoir sur eux.

    Amicalement
    Arsène Ott
    Président de l’ACIM

  • Bonjour,
    je partage en grande partie votre réactions : la technologie et l’abondance ne doivent pas devenir le determinisme d’une politique documentaire.
    L’accès aux documents ne doit se calquer sur les modes d’accès offert par le marché ; le discothècaire comme dernier etre humain compétent dans la chaine de l’accès à la musique ; la musique constituant la porte d’entrée en culture pour les plus jeune ; c’est donc en terme humain, de public, qu’il faut aborder la question du positionnement et de la fonction de la bibliothèque dans l’économie culturelle dictée par les TIC. il est évident que ce n’est pas par une offre technologique que l’on va touché un public jeune ; mais par un travail de médiation, d’animation, de valorisation et d’inscription sur le territoire.
    La bibliothèque doit donc s’integrer dans les réseaux culturels en place (musique actuelle, art de la rue, graphique, bref le milieu associatif local) en devenant un partenaire volontaire et structurant.
    ensuite le rapport de la bibliothèque (à forciori de la disco) au marché ne doit surtout pas etre éludé, mais redéfinie.
    En effet, elle pourrait se positionner comme un partenaire privilégié de la production locale mais aussi, et surtout, de l’industrie du disque elle-même, puisque je le répéte, les -thècaires vont très rapidement devenir les derniers relais/ médiateur pour la diffusion d’oeuvre musicale (hors vente de masse)
    Ainsi je pense sincèrement que les partenariats avec des labels, maisons de disques, distributeurs sont à approfondir, et pour aller jusqu’au bout de ma pensée, integrer des espaces de ventes de disques à quelques établissements publics serait très largement bénéfique (de l’humain à l’économique) pour tous à commencer par la première intéressée dans l’affaire : la musique.
    Nicolas Bordes, Les Musicophages, Médiathèque associative (et ancien disquaire)

    • Bonjour. Je ne comprends pas en quoi le recentrage du métier sur la "médiation culturelle" implique de s’associer aux marchands. Certains labels font un travail remarquable, proche de l’édition scientifique (je pense à Frémeaux, Lomax - sans parler de ceux spécialisés dans le classique) ; c’est un fait. Mais le "partenariat" que vous imaginez existe déjà : on leur achète leur production. Que faut-il de plus ? Est-ce que les collègues des secteurs adulte et jeunesse envisagent de se lier ainsi à leurs fournisseurs pour faire correctement leur métier ? Un fonds bien constitué d’ouvrages de philosophie ne présuppose pas la création d’un "partenariat" avec Vrin. Il me vient une idée à l’esprit (il faut toujours se méfier d’une impression spontanée, mais je la dis quand même) : les "partenariats" (ce mot m’énerve) progressent à mesure que le métier de bibliothécaire se vide de sa substance : perte de sens et d’autonomie. BD

  • Commentaires tout a fait informels...
    Je n’étais pas à Taverny désolé...

    Par contre je suis étonné d’entendre dire que developer des solutions de téléchargement serait comme s’investir à fond dans un réseau de Minitel...
    Nos Médiathèques sont obsédées par leur chiffres (en baisse si si)et c’est bien normal car les conseils municipaux les ont crées comme outil de diffusion de la "culture" mais aussi comme vitrine de leur politique locale : Si la médiathèque marche c’est le maire qui prend 8% au premier tour des municipales (pour faire court). Ni bien ni mal (ou alors...)c’est un fait.

    Se diriger à tatons vers la technique toute puissante n’est surement pas la solution mais entre que dalle et un peu d’offre il y a quand même un monde. Il est vrai que la musique dans une Mediat se doit d’être autant vivante qu’offerte sur support quel qu’il soit. S’associer à des labels pour proposer de nouvelles choses n’est pas une mauvaise idée aussi...mais faudrait lâcher un peu les chiffres du regard pendant un temps sinon on est morts (de chagrin bien sûr...)

    Autant je fus d’accord et remercie chaleureusement B. David pour "le manège enchanté" autant je trouve que dans cet article et une partie des réactions nous sommes dans la conclusion qui m’intrigue...Alors comme ça c’est pas la peine de faire des sites de BM ou l’on proposerait une offre de téléchargement gratuit ??...
    je ne parle pas d’un abonnement à une bibliothèque électronique déja faite mais de se calquer sur la diffusion des images (via L’ADAV).
    Négocier des droits de diffusion et de téléchargement gratuits(avec DRM car les éditeurs sont échaudés) permettrait dans un premier temps de proposer une offre adaptée aux nouvelles pratiques liées à l’internet et renforcerait la bilbliothèque publique virtuelle qui ne pèse pas bien lourd pour l’heure. Peut être est ce une solution à moyen terme mais je vous rapelle chers collègues qu’on est encore en train de négocier le budget 2008 ...en CD !!

    Sinon on peut aussi faire Za Zen contre un arbre en essayant de voir le futur à 20 ans.

    Une plateforme de téléchargement publique avec prêt gratuit de fichiers musicaux VARIES et SELECTIONNES servirait à faire connaitre des choses que le marché ne promeut pas.
    De toutes les façons j’ai l’impression de faire partie de l’équipe de foot de Montcuq dans le Lot et qu’on va jouer le REAL de MAdrid quand vous parlez du marché ("oui euh c’est foutu le marché y fait tout et en plus en avance sur nous...on se qualifiera jamais pour les 1/4..." (oui j’exagère...)

    On (la profession quoi) n’a jamais écrit de livres avant que les auteurs les sortent ?

    Le marché de la musique (et surtout ses acteurs majeurs)y sait plus ni comment y s’appelle ni ou y va !!! Je vous renvoie aux trés instructifs dossiers du SNEP sur les évolutions du marché. Moi j’y vais à chaque fois que je déprime ça me réfile une patate d’enfer : c’est la panique sur le marché les amis
    1-les ventes baissent (15% par an tendanciel et je suis gentil parce que c’est sûr c’est plus...) et 85% des internautes français vont sur E-MULE...
    2-il a fallu que Kamini achète un GPS pour que Pascal Nègre le repere : c’est dire que les majors ont remplacé Eddie Barclay par des commerciaux qui ne font pas la différence entre Elvis et une saucisse...et je ne pense pas que Kamini soit Elvis. Les majors Subissent car elles anticipent les modes comme les industriels chinois anticipent les motifs textiles : la musique c’est aussi pas mal de qualité et beaucoup de hasard...pas uniquement la mode prévisible ou fabriquée.
    3-toujours aucune offre de téléchargement payant crédible en ligne en FRANCE (on est en 2007 quand même !!!.) : quelques 20 (peu prés quoi) millions de chiffres d’affaire pour le telechargement payant et une augmentation qui stagne. Les FAI contre les majors c’est le duel improductifs de l’époque.

    PS : c’est pas les pauvres qui téléchargent parce que les pauvres z’ont pas internet...La consomation culturelle des plus modestes à toujours été proportionelle à leur revenus : revenus bas consommation basse. Internet c’est 500 Euros pour le PC et 30 E / mois pour l’abonnement et d’autres pre-requis qui me font dire que les téléchargeurs sont les classes moyennes et les étudiants...mais qu’est ce que j’en sais aprés tout.