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Petit guide pour la mise en place d’une démothèque en Discothèque de Prêt
mercredi 8 novembre 2006, par
1 - Les Objectifs
Une démothèque pour quoi faire ?
Proposer à l’usager un choix supplémentaire de CD.
Constituer un fonds " patrimonial ", témoignant de l’activité musicale locale.
Valoriser les initiatives musicales locales en matière de création, production et diffusion.
2 - Les Critères de sélection
Avant toute chose, il paraît pertinent de définir un cadre géographique (et donc administratif) aussi bien pour cibler la constitution du fonds que de lui donner une valeur locale (se cantonner à sa région ou à son département par exemple) :
Constitution d’un fonds basé sur l’acquisition d’albums ou compilations de groupes locaux (régionaux ou départementaux) au répertoire propre (uniquement des créations et non des reprises ou interprétations), tous styles musicaux confondus (rock, jazz, chanson, musique classique contemporaine...), édités par des groupes et artistes locaux ou des associations de type loi 1901 (notamment pour pouvoir établir un bon de commande et effectuer les versements) et distribués hors circuit commercial habituel. L’acquisition peut se faire en partie aussi auprès des disquaires locaux voire des fournisseurs pour médiathèque (type CVS, CD Mail, Gam...) pour certaines références, présentes dans leur catalogue.
Sélection au cas par cas des disques en fonction de critères d’éthique, de qualité musicale et de qualité d’enregistrement. Concertation avec les groupes et les associations pour les disques posant problème.
3 - Les Moyens
Pour collecter les CD plusieurs pistes sont à explorer :
Inventaire des associations, type loi 1901 promouvant la musique dans la région par la production et la diffusion d’enregistrements, par le biais notamment du site du Journal Officiel et des acteurs des Musiques Actuelles de la région ou département (DRAC, ODC, Antenne Musiques Actuelles, associations, festivals, salles de concert, SMAC...).
Prise de contact avec ces associations afin de leur faire connaître le projet et de s’informer sur leurs productions discographiques.
Travail de communication (presse, diffusion auprès des associations...) pour faire connaître le projet.
Généralement le bouche à oreille finit par fonctionner...
4 - Le Mode d’acquisition
Acquisition par don (possibilité pour les groupes de faire don de leurs productions).
Acquisition par achat. Dans ce cas, les groupes doivent être rattachés à une association afin que la médiathèque effectue le paiement. Le mode de paiement fonctionne par bon de commande et versements bancaires. Le projet nécessite un budget faible (sachant que le prix d’une majorité de ces CD oscille entre 3 et 10 euros). Ce budget peut être établit hors marché puisqu’il s’agit en général d’exclusivité (CD distribués hors circuit commercial habituel et achetés auprès d’associations locales).
Il est possible de faire remplir un formulaire de dépôt aux groupes.
5 - La Mise en place
Intégration des CD dans le circuit habituel des documents (catalogage, équipement...).
Mise en place des CD dans un bac spécifique mis en valeur pour le public avec notamment un explicatif du projet.
Classement PCDM 4 des CD par styles musicaux et par ordre alphabétique avec une côte propre à la démothèque.
La mise à disposition au public peut commencer avec un fonds d’une cinquantaine de CD.
6 - Le Site Internet
Le Site internet peut permettre de faire une présentation du fonds de CD et du projet. Une liste exhaustive des CD peut y figurer avec le visuel de la pochette, des chroniques, des morceaux en écoute ou téléchargement voire un espace pour les commentaires des internautes.
Les rubriques coups de cœurs ou nouveautés peuvent permettre de valoriser un peu plus certains albums du fonds.
En cas de téléchargement ou écoute des morceaux, il y a une déclaration à faire et un forfait à payer à la SESAM pour les groupes inscrits à la SACEM. Pour les groupes non déclarés à la SACEM ou en Creative Commons, il est nécessaire de demander l’autorisation aux groupes (idem en ce qui concerne le visuel des jaquettes des CD).
7 - Les Animations
Diverses animations peuvent être mises en place afin de valoriser le fonds et de le faire vivre. Des discographies par styles ou des recueils de chroniques peuvent être réalisés. L’organisation de rencontres entre les groupes ou les labels avec le public peuvent être envisagées (avec comme supports la projections de vidéos de concerts ou de séances d’enregistrements studios, l’exposition de photographies du groupe ou de réalisations graphiques, l’écoute d’albums). Dans certains cas, des showcases acoustiques ou plus peuvent être mis en place voire rediffusés sur le site internet après accord avec l’artiste (à voir selon le budget dont on dispose pour payer les artistes et la configuration des lieux).
En conclusion
La constitution d’une démothèque demande du temps, notamment dans le collectage des CD qui nécessite une veille documentaire active et constante. Une bonne connaissance du réseau local associatif des musiques actuelles est forcement un atout.
Ce type de fonds connaît un certain succès et répond à une attente du public (notamment du public étudiant) essentiellement par le prêt des albums des groupes locaux qui tournent mais qui ne sont pas distribués et qui bénéficient d’un bon bouche à oreille.
***
Vincent Bouteloup
Mediathèque François Mitterrand
1-3 Rue des Redemptoristes 61200 ARGENTAN
http://www.mediatheque-argentan.com
Un fonds local consacré aux autoproductions Bas-Normandes existe à la médiathèque d’Argentan depuis 2002. Ce fonds compte 300 albums et comptabilise 1150 prêts sur 3 ans. Pour plus d’infos :
http://www.mediatheque-argentan.com/espace/FondsLocal/def_FdsLocal.htm
Messages
1. Petit guide pour la mise en place d’une démothèque en Discothèque de Prêt , 8 novembre 2006, 19:47, par Arsène Ott
Bravo pour cette contribution, et la clarté de la démarche qu’elle met en avant.
Je m’interroge juste sur le terme "démothèque", qui est peut-être trop restrictif, car il me semble que la sélection que vous proposez va bien au-delà de ce que l’on appelle en général une "démo", document édité souvent de façon artisanale en vue de prise de contact avec les diffuseurs. A Strasbourg nous avons entamé une démarche assez proche de la vôtre, sous l’intitulé "fonds local". C’est vrai que "fonds" ça ne parle pas toujours au grand public, du coup on parle aussi de productions musicales en région... etc.
L’autre remarque, concerne le travail complémentaire d’idendification de ressources en ligne, afin (toujours) de valoriser la création musicale au niveau local. En effet de plus en plus les musiciens renvoient vers leur blog ou des plates-formes de téléchargement du type "MySpace".
Bien cordialement
Arsène Ott